Les critères à prendre en compte dans le choix entre salaire et dividendes en SASU
Le niveau de protection sociale
L’un des premiers éléments à considérer est la couverture sociale souhaitée par le dirigeant. En optant pour un salaire, le président de la SASU est affilié au régime général de la Sécurité sociale. Il a alors une protection comme celle d'un salarié normal. Cela inclut l'assurance maladie, les droits à la retraite, et la couverture en cas d'accident ou d'invalidité.
À l’inverse, une rémunération du président exclusivement versée sous forme de dividendes ne donne accès à aucune protection sociale. Ce critère est donc déterminant pour ceux qui recherchent une certaine sécurité ou qui ne disposent pas déjà d’une couverture par ailleurs.
Le poids des charges sociales
Le coût des cotisations sociales est un autre facteur clé. Un salaire versé au dirigeant entraîne un montant important de cotisations, pouvant aller jusqu’à 80 % du salaire net. Ces charges pèsent lourdement sur la trésorerie de la société. Les dividendes, quant à eux, échappent aux cotisations sociales et sont seulement soumis à la fiscalité applicable aux revenus du capital.
Ce mode de rémunération apparaît ainsi, à première vue, plus avantageux financièrement pour la société.
L’impact fiscal pour la société
Le traitement fiscal de chaque option diffère également. Le salaire est une dépense déductible pour la société par actions simplifiée. Cela aide à réduire le résultat imposable et, donc, le montant de l’impôt sur les sociétés.
À l’inverse, les dividendes sont distribués à partir des bénéfices nets, après impôt, sans possibilité de déduction. Ce facteur peut peser dans la balance, notamment si l’objectif est d’optimiser le résultat fiscal de l’entreprise.
La situation fiscale personnelle du dirigeant
La fiscalité applicable au niveau du dirigeant entre aussi en ligne de compte. Le salaire est intégré au revenu global du foyer fiscal et soumis au barème progressif de l’impôt sur le revenu. Les dividendes, eux, peuvent bénéficier du prélèvement forfaitaire unique (ou flat tax) de 30 %, plus avantageux dans certaines situations. Ils peuvent aussi profiter d’un abattement de 40 % sous certaines conditions.
Le choix dépendra donc de la tranche marginale d’imposition du dirigeant et de ses autres sources de revenus.
La capacité financière de l’entreprise
La trésorerie disponible dans la société joue un rôle dans le mode de rémunération. Le salaire peut être versé régulièrement, même si l’entreprise ne génère pas encore de bénéfice. En revanche, les dividendes ne peuvent être distribués qu’à l’issue d’un exercice bénéficiaire et après approbation des comptes. Ainsi, pour une société en phase de démarrage ou à la rentabilité incertaine, le salaire peut représenter une option plus flexible.
La situation personnelle du dirigeant
Enfin, la situation individuelle du président doit être examinée. S'il a déjà une couverture sociale par un autre moyen, il peut choisir d'être payé uniquement en dividendes. Cela l'aidera à réduire les charges sociales. Dans ce cas, la protection offerte par un salaire devient moins prioritaire.
SASU, dividendes ou salaire : les avantages et les inconvénients
Une fois les principaux critères identifiés, il est utile de confronter directement les deux options. Chacune présente des atouts, mais aussi des limites qu’il convient de mesurer en fonction de sa situation.
Les avantages du salaire
Opter pour un salaire permet au président de la SASU d’accéder à une protection sociale complète. En tant qu’assimilé-salarié, il est affilié au régime général de la Sécurité sociale. Il a donc une couverture pour la maladie, la maternité, l'invalidité et la retraite. Cela est similaire à celle des salariés du secteur privé, sauf pour l'assurance chômage dans la plupart des cas.
Le salaire permet également de valider des trimestres pour la retraite, sous réserve d’un seuil minimum de rémunération.
Pour la SASU, ce choix a un avantage fiscal. Le salaire du président et les charges sociales sont déductibles du bénéfice imposable. Cela permet de réduire l’impôt sur les sociétés.
Autre atout, la régularité du revenu. Contrairement aux dividendes, le salaire peut être versé chaque mois, indépendamment du résultat de l’exercice comptable. Il assure donc une stabilité financière au dirigeant.
Les inconvénients du salaire
Le principal inconvénient du salaire est son coût pour la société. Les charges sociales qui y sont associées sont particulièrement élevées : jusqu’à 80 % du montant net versé. Cette charge peut peser lourdement sur la trésorerie de l’entreprise, surtout en phase de lancement ou de croissance lente.
Par ailleurs, la gestion administrative est plus complexe. Elle implique l’établissement de fiche de paie, la déclaration des salaires auprès de l’URSSAF, et le respect de plusieurs obligations formelles. Une certaine rigueur est donc nécessaire.
Les avantages des dividendes
Les dividendes présentent l’avantage d’alléger considérablement le coût global de la rémunération. Ils ne génèrent aucune cotisation sociale pour la SASU. Cela permet à l’entreprise de préserver sa trésorerie et de limiter ses charges.
Pour le dirigeant, les dividendes sont également fiscalement intéressants. Depuis l’instauration du prélèvement forfaitaire unique (PFU), les dividendes sont taxés à un taux global de 30 %, incluant impôt et prélèvements sociaux. Ce taux peut être plus favorable que le barème progressif de l’impôt sur le revenu, en fonction des autres revenus du foyer.
Enfin, les dividendes peuvent être versés tout en percevant certaines aides, comme l’allocation chômage, sous conditions. Ce cumul est généralement exclu en cas de versement de salaire.
Les inconvénients des dividendes
Le revers de la médaille, c’est l’absence totale de protection sociale. Aucun droit n’est ouvert en matière de santé, de retraite ou d’accident. Le dirigeant devra donc, s’il choisit cette voie, souscrire à des contrats privés pour se couvrir personnellement. Cela représente un coût supplémentaire et une démarche à anticiper.
Autre limite : les dividendes ne peuvent être distribués que si la SASU a fait un bénéfice distribuable. Ce bénéfice doit être disponible après avoir mis de côté les réserves légales. Ce mode de rémunération dépend donc directement de la santé financière de l’entreprise et ne garantit aucune régularité.
Enfin, les dividendes ne sont pas déductibles du bénéfice imposable. Ils sont prélevés sur un résultat déjà soumis à l’impôt sur les sociétés, ce qui augmente la charge fiscale globale.
Cumuler salaire et dividendes est une stratégie souvent gagnante
Dans bien des cas, la combinaison d’un salaire modéré et de dividendes complémentaires s’impose comme une solution d’équilibre. Ce choix permet de bénéficier à la fois d’une protection sociale minimale et d’une fiscalité plus avantageuse.
Verser un salaire, même modeste, permet de valider des trimestres de retraite et de bénéficier des prestations sociales de base (maladie, invalidité, etc.). Cela limite également l’imposition de la société en réduisant le bénéfice soumis à l’impôt sur les sociétés. En parallèle, se verser des dividendes en fin d’exercice permet de compléter ses revenus sans alourdir les charges sociales de l’entreprise.
Cette combinaison aide aussi à mieux gérer son argent. Le salaire fournit un revenu mensuel stable. Les dividendes viennent en plus, selon les résultats de l'année. Pour beaucoup de dirigeants, cette approche représente le meilleur compromis entre protection, coût et flexibilité.
Conseils pratiques pour faire le bon choix
Le choix entre salaire et distribution de dividendes en société par actions simplifiée unipersonnelle ne peut être standardisé. Il dépend étroitement de la situation personnelle et professionnelle de chaque dirigeant.
Plusieurs éléments doivent être considérés. Cela inclut un autre emploi salarié, le revenu du foyer, et les besoins en protection sociale. L'âge, les perspectives de retraite, et la trésorerie de l'entreprise sont aussi importants.
À cela s’ajoutent des considérations plus stratégiques : souhaitez-vous maximiser vos revenus nets ? Sécuriser votre situation sociale ? Construire un patrimoine ou préserver la capacité d’investissement de votre entreprise ?
Il s’agit d’un arbitrage sur mesure. L’enjeu est de trouver un équilibre entre trois objectifs : limiter les charges, optimiser la fiscalité, et garantir une couverture sociale suffisante. Selon votre profil, l’une ou l’autre des options – ou un panachage des deux – pourra s’avérer plus judicieuse.
Quand privilégier le salaire, quand préférer les dividendes ? Ci dessous quelques conseils à prendre en considération pour faire le bon choix:

Choisir une rémunération en salaire si :
- Vous souhaitez bénéficier d’une protection sociale (maladie, retraite, invalidité). En percevant un salaire, vous êtes affilié au régime général de la Sécurité sociale.
- Vous comptez sur un revenu mensuel stable. Le salaire offre une régularité de revenus, indispensable pour gérer les dépenses personnelles et assurer un niveau de vie constant.
- Votre société dispose d’une trésorerie suffisante pour assumer les charges sociales. Le versement d’un salaire génère des cotisations sociales importantes.
- Vous cherchez à réduire l’impôt sur les sociétés. Le salaire versé au président est une charge déductible du résultat de la SASU. Cela permet de diminuer le bénéfice imposable et donc de réduire l’IS.
- Vous avez des besoins personnels de financement (emprunt immobilier, dossier de location) où le salaire est un critère rassurant.
- Vous êtes éligible à l’ACRE et bénéficiez d’une exonération temporaire de cotisations. L’Aide à la Création ou à la Reprise d’Entreprise offre une exonération des cotisations sociales. Cela peut être partiel ou total pendant la première année.
Choisir une rémunération en dividendes si :
- Vous disposez déjà d’une protection sociale par ailleurs (emploi salarié, conjoint, etc.).
- Vous privilégiez une gestion allégée des charges sociales. Les dividendes ne sont pas soumis aux cotisations sociales (hors prélèvements sociaux), ce qui permet de limiter les charges de la société.
- Votre société génère un bénéfice suffisant pour permettre une distribution annuelle. Les dividendes ne peuvent être versés que si l’entreprise est bénéficiaire et que des réserves suffisantes ont été constituées.
- Vous souhaitez optimiser la fiscalité de vos revenus en capitalisant sur le taux forfaitaire (flat tax). Grâce à la flat tax de 30 %, les dividendes peuvent se révéler fiscalement plus avantageux que le salaire.
- Vous acceptez une rémunération moins régulière et plus dépendante des résultats. Contrairement au salaire, les dividendes sont versés une fois par an et dépendent des résultats de l’exercice écoulé.
- Vous êtes dans une logique d’investissement personnel ou de constitution de patrimoine.
Un choix à adapter à votre situation
Le choix entre salaire, dividendes ou une combinaison des deux dépend étroitement de votre situation personnelle et financière.
Il n'y a pas une seule réponse. C'est un choix personnalisé. Vous devez tenir compte de vos priorités. Dans tous les cas, mixer intelligemment les deux formes de rémunération est souvent une stratégie équilibrée, alliant sécurité et performance.
Et pour affiner votre choix, n’hésitez pas à vous faire accompagner par un professionnel de la comptabilité ou de la gestion patrimoniale.