Quels prérequis pour devenir paysagiste
Les prérequis pour exercer le métier de paysagiste varient fortement en fonction de la nature exacte de l’activité exercée. Chaque activité implique des obligations propres : diplôme, certificat, affiliation, régime fiscal, immatriculation.
Il est donc important, avant la création entreprise paysagiste, d'identifier le cœur de l'activité. Cela détermine toutes les obligations juridiques, fiscales et administratives.
Voici les principales catégories d’activités dans le secteur du paysagisme, ainsi que les obligations qui leur sont associées.
Activité libérale réglementée (paysagiste concepteur)
Le paysagiste concepteur est un expert en création d'espaces verts. Il travaille sur des parcs publics, des jardins urbains et des projets d'aménagements extérieurs.
Contrairement au jardinier-paysagiste qui travaille sur le jardin, le concepteur commence le projet. Il collabore souvent avec des architectes, des urbanistes ou des collectivités.
Son rôle est avant tout intellectuel, artistique et technique, ce qui le classe dans la catégorie des professions libérales réglementées.
Les obligations spécifiques à cette activité :
- Diplôme d’État de paysagiste obligatoire, délivré par une école habilitée par le ministère de la Transition écologique ou de la Culture. Il s’agit d’une formation de niveau Bac +5, accessible sur concours.
- Immatriculation auprès de l’URSSAF, comme toute profession libérale non réglementée par un ordre (contrairement aux architectes DPLG).
- Affiliation au régime général de la sécurité sociale, en tant que professionnel exerçant à titre libéral (régime indépendant non agricole).
- Code APE : 7111Z – Activités d’architecture, partagé avec d’autres métiers de conception du cadre de vie (maisons, bâtiments, espaces urbains).
Il peut aussi être assujetti à une assurance décennale, si ses plans sont utilisés pour la réalisation d’ouvrages.
Activité artisanale
Le paysagiste peut travailler comme artisan. Il fait surtout de petits ouvrages paysagers. Cela inclut des terrasses, des allées, des escaliers extérieurs, des murets, des clôtures et des bassins.
Ici, son rôle est opérationnel et manuel, avec une forte composante technique. Il s’agit d’une activité de terrain, souvent réalisée seul ou avec une petite équipe.
Ce type de paysagiste est comme un artisan du paysage. Il utilise des compétences en maçonnerie, terrassement, drainage et pose de revêtements extérieurs.
L’activité est donc encadrée par les règles propres à l’artisanat.
Les obligations spécifiques à cette activité :
- Aucun diplôme n’est exigé, mais un solide savoir-faire technique est indispensable, ainsi qu’une bonne condition physique.
- Immatriculation à la Chambre des Métiers et de l’Artisanat (CMA), obligatoire pour toute activité artisanale.
- Affiliation à la Sécurité sociale des indépendants (SSI), ou au régime général selon la structure juridique.
- Codes APE possibles : 41, 42 ou 43, correspondant aux activités de construction (maçonnerie, aménagement extérieur, etc.).
En fonction de la nature des travaux, une assurance décennale peut être requise.
Activité commerciale
Lorsqu’un paysagiste se concentre principalement sur la vente de végétaux, de matériel de jardin ou propose des prestations régulières d’entretien et d’activités de jardinage, son activité relève du commerce. Il entre alors dans le champ de l’entreprise de commerce et d’industrie, avec des obligations spécifiques à respecter.
Les obligations spécifiques à cette activité :
- Immatriculation à la Chambre de Commerce et d’Industrie (CCI)
- Possibilité d’exercer sous le régime micro-entrepreneur, si les seuils de chiffre d’affaires sont respectés
- Code APE : 8130Z – Services d’aménagement paysager
- Certificat Certiphyto obligatoire pour l’usage ou le conseil de produits phytopharmaceutiques
- Certificat Certibiocide requis pour la manipulation, la vente ou l’achat de certains produits biocides
- Une assurance responsabilité civile professionnelle (RC Pro) est fortement recommandée
Ce type d’activité peut être exercé sous le statut d’auto-entrepreneur, à condition de respecter les plafonds de chiffre d’affaires.
Activité agricole
Le paysagiste fait de l'agriculture s'il se spécialise dans la production de plantes. Cela inclut les plantes ornementales, les arbres, le gazon en plaques et d'autres cultures horticoles. Cette activité relève pleinement du domaine agricole dès lors que la production représente une part dominante de l’activité.
On retrouve ce profil chez les pépiniéristes-paysagistes, ou ceux qui cultivent en propre les plantes utilisées dans leurs projets d’aménagement.
Les obligations spécifiques à cette activité :
- Affiliation à la MSA (Mutualité Sociale Agricole), régime social des travailleurs agricoles
- Incompatibilité avec le régime micro-entreprise, réservé aux autres types d’activités
- Code APE : 8130Z, à confirmer selon la proportion d’activité consacrée à la production
- Éligibilité au régime fiscal micro-BA (Bénéfices Agricoles) si les recettes sont inférieures à un certain plafond
- Certiphyto et Certibiocide requis selon les produits utilisés dans la production
- Une assurance responsabilité civile est vivement conseillée pour couvrir les risques liés à l’exploitation
Remarque: les détails concernant les régimes sociaux et fiscaux applicables selon l’activité sont approfondis dans les sections suivantes.

Les étapes clés pour créer son entreprise de paysagiste
Créer son entreprise de paysagiste ne s’improvise pas. Le projet se construit étape par étape, en commençant par les bases. Voici les principales démarches à prévoir :
1. Réaliser une étude de marché
Avant toute chose, il est essentiel de bien connaître son terrain. Une étude de marché permet d’évaluer le potentiel local de l’activité : qui sont les clients ? Quels sont les prix pratiqués ? Quelle est la concurrence dans la zone visée ?
Ce travail est crucial, notamment si vous vous spécialisez dans l’entretien d’espaces verts, un segment concurrentiel mais porteur.
L’objectif est de valider la faisabilité du projet et de repérer les opportunités de différenciation.
2. Construire un business plan solide
Le business plan est un outil clé, à la fois pour soi et pour convaincre d’éventuels partenaires financiers. Il sert à établir les bases : vision, objectifs, offre, stratégie, budget et gestion des risques. Il doit montrer que l'entreprise peut être rentable et générer un revenu stable.
3. Choisir une structure juridique adaptée
L’étape suivante est de choisir la forme juridique qui convient le mieux à l’entrepreneur. Cela dépend de son profil, s'il est seul ou en groupe, de son activité (agricole ou non) et du régime fiscal qu'il souhaite. Ce choix détermine de nombreuses obligations administratives, fiscales et sociales. Plus de détails sont disponibles dans les sections suivantes.
4. Immatriculer l’entreprise auprès de l’organisme compétent
Selon la nature de l’activité, la demande d’immatriculation devra être déposée :
- à la Chambre des Métiers et de l’Artisanat (CMA) pour une activité artisanale,
- à la Chambre de Commerce et d’Industrie (CCI) pour une activité commerciale,
- ou à la Chambre d’agriculture (CA) pour une activité agricole.
Remarque : certaines activités mixtes (ex. production de végétaux + prestations de services) peuvent nécessiter une double immatriculation.
5. Finaliser les démarches administratives
Il reste ensuite plusieurs formalités à accomplir :
- Trouver un nom commercial,
- Définir l’adresse du siège social,
- Rédiger les statuts si l’entreprise prend la forme d’une société,
- Chercher des financements ou aides à la création d’entreprise (voir section dédiée).
Ces différentes étapes seront détaillées dans les sections suivantes pour vous guider pas à pas dans la concrétisation de votre projet.
Le choix du statut juridique adéquat
Lorsqu'un paysagiste veut travailler seul, il a plusieurs options. Il peut choisir l'entreprise individuelle, la SASU ou l'EURL.
En revanche, s'il souhaite créer une entreprise avec des associés, il a plusieurs options. Il peut choisir une SARL ou une SAS. Si l'activité est agricole, il peut opter pour une société civile agricole ou un GAEC.
À noter : Si l’activité est mixte, comme un pépiniériste qui fait aussi de l’entretien, une double immatriculation peut être nécessaire. Il faut s’inscrire à la Chambre d’agriculture pour l’activité agricole et à la CCI pour l’activité commerciale.
Remarque : Le régime de la micro-entreprise peut s'appliquer dans certains cas. Cela concerne les entreprises individuelles ou les EURL avec une activité artisanale ou commerciale. En revanche, ce régime n'est pas pour les paysagistes qui font de l'agriculture avec la MSA. Ils doivent choisir des régimes fiscaux agricoles comme le micro-BA ou le régime réel agricole.
Le choix du régime de sécurité sociale
Une fois la nature de l’activité et la forme juridique choisies, il est indispensable de comprendre à quel régime de sécurité sociale le paysagiste devra être affilié. Ce régime dépend à la fois de la nature de l’activité (agricole, artisanale ou commerciale) et de la structure juridique adoptée.
Si l’activité est agricole, l’entrepreneur est obligatoirement affilié à la Mutualité Sociale Agricole (MSA). Ce régime est exclusif. Il n'est pas possible dans ce cas de dépendre de la Sécurité sociale des indépendants (SSI) ni du régime général.
- Si l’activité est artisanale ou commerciale, l’affiliation dépend de la structure :
- En entreprise individuelle, EURL, ou SARL avec gérant majoritaire → affiliation à la SSI
- En SASU, SAS, ou SARL sans gérant majoritaire → affiliation au régime général de la sécurité sociale
Ce choix n’est pas anodin. Il impacte non seulement les cotisations sociales, mais aussi les droits du dirigeant (protection santé, retraite, congés, etc.). Une mise à jour régulière de sa situation est donc essentielle, notamment en cas de changement d’activité ou de structure.
Vous avez un doute sur le bon régime à choisir ? Notre cabinet d’expertise comptable vous accompagne dans toutes les démarches administratives et sociales. Faites appel à notre expertise pour sécuriser votre création d’entreprise et optimiser vos choix.
Le régime fiscal selon la nature de l’activité
Comme pour la sécurité sociale, le mode d’imposition des bénéfices dépend surtout de l’activité. Cela peut être agricole, artisanale ou commerciale. Une fois cette nature déterminée, plusieurs régimes fiscaux peuvent s’appliquer, chacun ayant ses propres règles et avantages.
Si l’activité est agricole
Les paysagistes qui sont membres de la MSA ne peuvent pas utiliser le régime de la micro-entreprise. Ce régime est réservé aux artisans, commerçants et professions libérales. En revanche, ils peuvent opter pour des régimes spécifiques à l’agriculture :
- Le régime micro-BA (bénéfices agricoles) est accessible si la moyenne des recettes HT des trois dernières années est inférieure à un plafond. Ce plafond était de 85 800 € en 2020. Ce régime permet de déterminer forfaitairement le bénéfice en appliquant un abattement de 87 %, ce qui simplifie la gestion fiscale et sociale.
- Le régime réel d’imposition agricole (simplifié ou normal) : il consiste à calculer le bénéfice réel en soustrayant les charges professionnelles des recettes. Ce régime est plus précis, mais nécessite une comptabilité complète selon les règles agricoles.
- L’impôt sur les sociétés (IS) : option possible si l’entreprise est constituée sous forme de société. L’impôt est alors payé par la société, et non directement par le dirigeant.
Si l’activité est artisanale ou commerciale
Dans ce cas, plusieurs options fiscales sont envisageables :
- Le régime de la micro-entreprise : accessible si les seuils de chiffre d’affaires ne sont pas dépassés. Il permet une gestion simplifiée avec un abattement forfaitaire sur le chiffre d’affaires (sans déduction des charges réelles). C’est un régime intéressant pour démarrer une activité à petite échelle.
- Le régime réel d’imposition BIC (bénéfices industriels et commerciaux) : le bénéfice est déterminé à partir du résultat réel (recettes – dépenses). L’entrepreneur est alors imposé à l’impôt sur le revenu (IR) sur ce bénéfice net.
- L’impôt sur les sociétés (IS) : applicable si l’entreprise est structurée en société (ex. SAS, EURL, SARL). Dans ce cas, c’est l’entreprise qui paie l’impôt sur ses bénéfices. Le dirigeant est quant à lui imposé uniquement sur ses rémunérations et ses dividendes, ce qui peut permettre une optimisation fiscale.
Quelles aides financières pour lancer son activité de paysagiste ?
Plusieurs aides financières, non exclusives au métier, peuvent soutenir les paysagistes lors de leur lancement.
Parmi les options accessibles, il y a les prêts d’honneur et les microcrédits. Ces prêts sont offerts par des organisations comme Initiative France ou l’ADIE. Ils aident à financer les premiers investissements sans demander de garanties personnelles.
Certaines régions et collectivités locales offrent des subventions. Ces aides sont pour les métiers liés à l'environnement, l'artisanat ou l'aménagement du cadre de vie.
Pour les demandeurs d’emploi, France Travail (anciennement Pôle Emploi) offre des aides comme l’ARCE. L’ARCE permet de recevoir une partie des droits au chômage en capital. Il y a aussi le maintien de l’ARE pendant les premiers mois de travail.
Enfin, l’ACRE réduit les cotisations sociales la première année. Des exonérations fiscales sont aussi possibles en zone prioritaire (ZFU, ZRR).
La création d'une entreprise d'espaces verts répond à une demande croissante. Cela s'explique par l'intérêt des particuliers, des entreprises et des collectivités pour un aménagement durable. Pour réussir dans ce secteur, il est essentiel de bien définir son activité, de choisir le bon statut juridique et de se conformer aux obligations administratives et sociales. En vous appuyant sur une préparation solide et un accompagnement professionnel, vous maximisez vos chances de bâtir une entreprise paysagiste pérenne et rentable.